Débat d'orientation budgétaire pour 2019 : quelles orientations ? (CM du 13 novembre 2018)

Publié le par Loïc Tonnerre

Mairie de Ploemeur

Mairie de Ploemeur

Des orientations budgétaires présentées ce soir, il n’y a malheureusement pas grand-chose à dire car la longueur du rapport ne saurait masquer l’indigence du fond : on ne sait pas au bout du compte où cette municipalité veut conduire la commune en 2019.

Je m’emploierai donc plutôt à rappeler un certain nombre de réalités.

En 2018, vous avez disposé d’un budget – hors opérations d’ordre – de 28 M€ et, depuis 2014, d’un total  de 138 M€. Qu’avez-vous fait de cet argent ?

Depuis 2014, vous avez encaissé pas moins de 70 M€ d’impôts et de taxes payés par les ménages ploemeurois. Pour quoi faire ? 

En l’espace de 5 ans, le produit des impôts s’est accru de 7,3 %. Et ce pourcentage atteindra 8,9 % en 2019. Inutile de nous expliquer que ce n’est pas de votre faute si le Parlement réévalue chaque année les bases d’imposition. La vérité est qu’avec des taux d’imposition élevés les Ploemeurois paient très cher les services qu’ils attendent de la commune et ne trouvent pas toujours. 

Les raisons de ce mécontentement sont nombreuses : questions qui restent sans réponse, pratiques discriminatoires en faveur des « petits copains », permis de construire délivrés illégalement, travaux d’entretien de la voirie ou des espaces verts qui ne sont pas réalisés, horaires d’ouverture inadaptés de certains équipements publics…

Parallèlement, le malaise dans les services de la commune s’aggrave : les chefs de service n’ont-ils pas tous changé au moins une fois depuis 2014 ? On observe un trouble inquiétant dans les services techniques ou à la police municipale.

Et il y a surtout le gaspillage de l’argent public.

En premier lieu, le nouveau centre technique municipal dont la taille est disproportionnée avec les besoins de la commune. Nous avions dénoncé l’incongruité de ce projet dès l’origine mais chacun peut désormais s’en rendre compte : le « Palais de Loas », outre qu’il enlaidit le paysage, est et sera un gouffre financier pour les Ploemeurois.

Avec 40 bureaux pour 60 agents, le futur centre est un bâtiment unique en son genre puisqu’on y comptera plus de bureaux que de tondeuses à gazon ! 

A quoi s’ajoutent un accueil de 30 m2, deux salles de réunion et d’immenses ateliers et locaux de stockage pour ranger les binettes, les barrières de sécurité et les fils électriques… C’est grand, c’est somptueux ! L’horizon de la municipalité semble être la réalisation de cette cathédrale des temps modernes qui, dans moins de 20 ans, sera transférée à Lorient Agglomération…

Surtout, cette réalisation va coûter très cher 4,80 M€ estimés au départ, mais qu’en sera-t-il à la fin du chantier ?

Il y a quelque temps, l’adjoint aux travaux déclarait que la commune n’avait pas les moyens de faire des travaux de voirie. Mais comment peut-on prétendre qu’il n’y a pas d’argent pour boucher les trous ou refaire les trottoirs quand on engage la commune dans un projet aussi somptuaire… 

Le nouveau centre sera la « danseuse » de cette municipalité, comme la nouvelle médiathèque avait été celle de la municipalité Le MEUR. A cette différence près que la municipalité précédente n’avait pas eu à affronter les contraintes financières que nous connaissons depuis 2014.

Le second exemple de gabegie municipale est l’aménagement du stade

Depuis 2014, les travaux réalisés sur le stade municipal ont été très coûteux pour une utilité des plus faibles.

Les dépenses atteignent plus de 3 M€. Et tout cela pour quel résultat ? Une piste d’athlétisme en forme de haricot totalement inutilisable, un nouveau terrain de tennis, demain peut-être un « skate-park » qui suscite déjà la colère du voisinage. Seule la tyrolienne paraît amuser les enfants. 

Pendant ce temps, les sections sportives de différentes disciplines déplorent le manque d’équipements, leur vétusté (Saint-Mathurin), l’absence de lieu de réception des équipes étrangères ou le manque de soutien financier…

Le troisième exemple de gabegie concerne les pistes cyclables

Chacun sait que le vélo n’est pas un moyen de transport mais un objet de loisir. Contrairement à ce qui est avancé, en particulier du côté de Lorient Agglomération, le vélo n’est pas le moyen le plus approprié pour conduire ses enfants à l’école, faire ses courses ou se rendre au travail. Surtout quand le mauvais temps est de la partie et que vous ne souhaitez pas vous présenter trempé ou en nage à votre employeur.

Ajoutons que la pratique du vélo n’est pas sans risques, les accidents sont nombreux, mortels parfois, et que les cyclistes eux-mêmes ne sont pas toujours respectueux du code de la route.

Bref, le vélo n’a d’avenir que dans le domaine du loisir, et de préférence l’été quand il fait beau. Quant aux cyclotouristes, comme aux professionnels du vélo, il y a bien longtemps que ce type de voie ne les intéresse pas.

Relier donc le centre-ville à Lomener ou au Fort-Bloqué, par une piste cyclable, pourquoi pas ? Faire cohabiter cyclistes et piétons sur le chemin côtier est déjà plus risqué.  

Il convient, en tout cas, d’éviter l’esprit de système qui conduit à poursuivre indéfiniment la construction de pistes cyclables, illustrant le théorème qui veut que l’efficacité de la dépense publique diminue au fur et à mesure que celle-ci augmente. 

La liaison avec Quéven en est une parfaite illustration : qui se rend de Ploemeur à Quéven en vélo en dehors de quelques irréductibles ? D’ailleurs, cette soi-disant liaison s’arrête à mi-parcours et n’est pas près de franchir la RN 165. Donc une dépense bien peu utile.

Or, la construction de pistes cyclables coûte très cher : la piste qui relie le centre-ville au Fort-Bloqué a coûté 1,24 M€, soit 250 000 € le kilomètre pour une distance d’environ 5 km. 

La question n’est donc pas de savoir s’il faut des pistes cyclables en site propre ou non mais jusqu’où il paraît raisonnable d’aller en ce domaine. A une époque où l’argent public se fait rare, il y a d’autres urgences à satisfaire en matière de voirie. 

L’état de nos routes n’est pas brillant et devient même, en dehors des axes principaux, carrément indigent. De leur côté, les trottoirs sont par endroits défoncés et impraticables. Sur la côte, c’est pire encore, les chemins sont indignes d’une commune qui se prétend touristique. 

Il est temps de répondre davantage aux attentes de la population ploemeuroise en matière de routes, de chemins et de trottoirs plutôt que de suivre une mode pour le vélo de loisir qui n’intéresse qu’une minorité d’usager et pourrait n’avoir qu’un temps.

Depuis 2014, plus de 3,5 M€ y ont été consacrés, il est temps de mettre la pédale douce.

Voilà le bilan que l’on peut établir de cette municipalité après 4 ans et demi de mandat : des impôts très lourds, peu de réalisations et un formidable gaspillage de l’argent public ! Nous ne soutiendrons pas votre budget.
 

Publié dans Finances

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