DOB 2023 : Le mélodrame des dépenses d'énergie (CM du 8/2/23)

Publié le par Loïc Tonnerre

Le document d’orientation budgétaire consacre de longs développements aux dépenses d’énergie. On rappellera, tout d’abord, qu’il n’est pas normal que les mesures prises en la matière n’aient pas été présentées, discutées et adoptées en conseil municipal, dont le Code général des collectivités territoriales précise « qu’il règle par ses délibérations les affaires de la commune ».

Au lieu de cela, un « comité de résilience » sorti de nulle part aurait été mis en place. On ne sait pas de qui il est composé, quand il se réunit… On retrouve là une caractéristique de votre gestion, qui est la dissimulation : on cache, on triche, on ne répond pas aux interpellations…

De la même manière, on ne sait pas qui est le fournisseur d’électricité de la commune, ni le fournisseur de gaz ! Des détails sans importance sans doute.

Bref, il a été annoncé en novembre 2022 dans la presse locale que les dépenses dues à la consommation d’énergie évaluées à 550 000 € dans le BP 2022 allaient passer à 2 M€ à la fin de l’année, puis à 2,5 M€ en 2023.

En conséquence, des mesures aussi variées que drastiques étaient présentées comme indispensables :

-    extinction de l’éclairage public pour économiser 75 000 €/an
-    chauffage à 19° dans les écoles et les bureaux communaux pour économiser 100 000 €/an
-    température réduite à 14° dans les gymnases pour économiser 54 000 €/an
-    déplacements des horaires de certains entraînements sportifs pour réduire l’éclairage public
-    réduction des illuminations de Noël
-    amélioration de la gestion d’Océanis, fermeture des locaux attribués à certaines associations et annulation de spectacles pour économiser 230 000 €/an
-    fermeture prolongée de la piscine en février 2023

Il était également annoncé que le budget 2023 donnerait la priorité aux investissements économisant l’énergie : isolation extérieure de 5 écoles et d’Océanis, panneaux photovoltaïques « partout où c’est possible », houlomotricité sur le môle de Lomener, nouvelle chaufferie biomasse…

Une mise en œuvre incertaine et injuste des mesures annoncées

Toutes ces mesures ont fait l’objet d’une mise en œuvre incertaine et souvent injuste.

S’agissant de l’extinction de l’éclairage nocturne, l’arrêté signé le 9 novembre 2022 par Monsieur Claude ORVOINE, adjoint aux espaces publics et aux mobilités, était déjà en retrait par rapport aux annonces initiales puisqu’il ne porte que sur l’« Extinction partielle de l’éclairage public ».

De fait, on constate de grandes inégalités dans l’application de la mesure : si les villages du littoral ou de l’intérieur sont bien plongés dans le noir la nuit, certains axes routiers et surtout le centre-ville sont totalement épargnés. En quel honneur ? Les zones épargnées sont aussi les plus denses et réduisent donc les économies espérées. Il existerait ainsi deux catégories de citoyens aux yeux de la municipalité : les Ploemeurois « éclairés » et les Ploemeurois « non-éclairés », injustement discriminés. Et pourtant, tous sont censés payer les mêmes impôts…

La suppression de l’éclairage public dans une partie de la commune entraîne une augmentation des cambriolages et des accidents ainsi que l’apparition de squats que vous niez avec la même obstination que le reste. Pourtant les statistiques de la délinquance à Ploemeur existent et sont remises à la commune tous les mois par la Préfecture. Qu’attendez-vous pour les publier ? Auriez-vous peur de la vérité ? Toujours cette obsession de la dissimulation…

La Ville de Lyon vient d’annoncer, le 3 février 2023, qu’elle abandonnait l’extinction de l’éclairage public mise en place en novembre 2022 et qu’elle rétablissait l’éclairage général.

Quand allez-vous, à votre tour, abandonner cette mesure injuste et rétablir l’éclairage public à la moitié de la population de Ploemeur qui en est privé ?

En ce qui concerne le chauffage des bâtiments, je ne sais pas si la règle des 19° est effectivement respectée dans les écoles et les bureaux de la commune. En revanche, la température de 12° constatée dans la salle COSEC a été récemment dénoncée par des associations sportives qui expliquent à juste titre qu’une température trop basse est incompatible avec la pratique de certaines disciplines.

Quand allez-vous cesser de brimer ces associations ?

Pour ce qui est des illuminations de Noël, il est certain que leur étendue au centre-ville et leur maintien sur une longue durée sont en totale contradiction avec la volonté soi-disant affichée de faire des économies. Là aussi, il y a le discours et la réalité.

Quant aux activités d’Océanis et à la piscine, on serait curieux de savoir si les mesures énergiques annoncées ont été mises en œuvre.

Un bilan financier à revoir complètement

Au final, les chiffres qui nous sont présentés ce soir témoignent de colossales erreurs d’appréciation.

En 2021 les dépenses d’énergie de la commune avaient atteint 600 000 € et en 2022 un crédit de 550 000 € avait été prévu pour y faire face.

En novembre 2022, le maire criait au feu en annonçant un montant de charges soudain porté à 2 M€ d’ici à la fin de l’année 2022 et à 2,5 M€ pour 2023.

On apprend aujourd’hui que les dépenses d’énergie pour 2022 ont atteint en fait 800 000 €, soit bien moins qu’attendu et qu’elles sont estimées à 1,25 M€ pour 2023, soit la moitié des 2,5 M€ annoncées.  

Il est permis, dès lors, de s’interroger sur le sérieux des travaux d’anticipation de la commune et sur le bien-fondé des déclarations alarmistes de l’automne dernier.

Du coup, c’est la légitimité même des mesures de contrainte prises à cette occasion et encore en vigueur aujourd’hui qui s’effondre.

Nous demandons à ce qu’il y soit mis un terme immédiatement !

Du côté des recettes, la même confusion règne

Déjà, en novembre dernier, l’utilité d’un « plan de crise » énergétique était sujet à caution car on savait que les impôts locaux - du fait de la revalorisation des bases d’imposition décidée par le Parlement - augmenteraient de 7 % en 2023, soit des rentrées supplémentaires pour la commune d’environ 1 M€.

Le rapport qui nous est présenté aujourd’hui fait apparaître que la commune bénéficiera de deux concours financiers supplémentaires de la part de l’Etat pour faire face aux charges d’énergie :

-    un « filet de sécurité énergétique » à hauteur de 800 000 €
-    un amortisseur « électricité » qui rapportera 304 000 €

Au total, la commune encaissera ainsi au titre de la hausse de l’énergie 1,1 M€ de recettes extérieures pour une dépense estimée de 1,25 M€. Où est le problème ?

Cette histoire d’énergie, c’est, comme aurait dit Shakespeare : « Beaucoup de bruit pour rien ! ».

 

Publié dans Finances

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