Nouvelle médiathèque : le Petit Trianon du maire (CM du 24 février 2011)

Publié le par loic.tonnerre

On s’étonnera de l’urgence déclarée par la municipalité pour débattre de ce sujet. Le conseil municipal du 24 février n’était pas programmé. Il a tous les airs d’un conseil extraordinaire et ceci, notamment, parce qu’il ne comporte qu’un seul point à l’ordre du jour. Qu’est-ce qui peut bien pousser la mairie à agir ainsi pour un projet qui devrait s’étaler sur 2 à 3 ans ? Que la construction s’achève en  décembre 2013 ou en juillet 2014, quelle importance ? Y aurait-il des échéances électorales à cet horizon ? Par contre, tout le monde aura bien compris que Loïc Le MEUR souhaitait attirer ce « petit Trianon » dans le débat des cantonales où il est à la peine !

Une procédure de sélection peu démocratique

La fameuse commission chargée de sélectionner les projets était composée, sous la présidence du maire, de 15 membres dont un seul représentant de l’opposition. Le groupe UMP n’était pas représenté en tant que tel puisqu’il ne lui avait été accordé qu’un strapontin, c'est-à-dire un poste de suppléant. Dans ces conditions, Yvonne ROSSARD n’a pu siéger qu’en remplacement de Georges CORNEC lorsque ce dernier était empêché. Ce dispositif qui fait fi de la représentativité d’une part importante du Conseil n’est guère démocratique. Ce n’est pas la première fois que la municipalité procède de cette manière, ce qui n’est pas non plus la façon la plus habile pour obtenir notre soutien.

L’absence de recensement des besoins

On ne peut que regretter qu’aucun recensement des besoins à prendre en compte en matière culturelle n’ait été effectué. En tout cas, rien ne figure à ce sujet dans le dossier qui a été transmis au conseil. On sait, par exemple, que la commune n’est pas en règle dans le domaine de la conservation et de l’exploitation des archives. Des demandes réitérées ont été adressée au maire à ce sujet. Il n’en tient aucun compte. Il préfère des installations visibles, même si certaines sont peu utiles, comme on le verra, à des aménagements indispensables et légalement obligatoires, mais moins porteurs en termes d’images dans les média ou dans l’opinion publique…

Une architecture massive

Sur le projet architectural que dire ? Nous avons eu, en commission, le privilège de voir les autres projets en lice dont certains nous ont paru plus intéressants sur le plan architectural que celui qui a été finalement retenu. L’esthétique extérieure du bâtiment est massive, compacte et peu attrayante. Un « pavé » de plus qui répondra au non moins inesthétique magasin Carrefour qui lui fait face. En ce qui concerne la perspective que l’on pourra avoir de la rue de Kervam, si, comme le dit M. ALLOT, on aura vue sur le jardin du presbytère, en revanche, on ne verra plus le clocher de l’église, élément pourtant caractéristique du paysage ploemeurois, en raison de la hauteur du futur bâtiment. La distribution intérieure laisse songeur : pourquoi cet « espace des courants d’air » au rez-de-chaussée dans un bâtiment qui, au total, ne sera pas très grand (à peine deux fois l’emprise de la Caisse d’Epargne à côté). Et pourquoi une cafétéria alors qu’il y a des cafés à proximité ? Qui peut imaginer que les usagers d’une médiathèque, qui en majorité sont des enfants, auront besoin de se désaltérer régulièrement ? Et quel personnel sera chargé de servir café ou jus de fruit, car on n’imagine pas qu’il y ait de l’alcool ? Est-ce bien raisonnable de prévoir l’affectation d’un agent à plein temps pour assurer un service inévitablement déficitaire car le prix et le nombre des consommations seront très faibles. Il existe déjà une cafétéria publique à Océanis qui a bien du mal à survivre, pourquoi vouloir en créer une autre ?

Où sont les parkings ?

A nouvel équipement, nouvelles places de stationnement : où sont-elles ? Il manquait déjà 40 à 70 places de parking au magasin Carrefour pour que le permis de construire qui lui a été accordé par le maire de Ploemeur soit régulier. Le Tribunal administratif de Rennes doit, d’ailleurs, prochainement se prononcer sur cette question. Il avait été demandé à cette occasion à la municipalité d’indiquer de manière précise à qui appartenaient les places de stationnement du Centre commercial. On attend toujours sa réponse… Mais il est clair que les mêmes places ne pourront pas servir deux fois !

Quel financement ?

Evidemment, c’est sur le plan du financement que la municipalité est la moins diserte : 5 M€. Mais l’on sait désormais qu’il faudra compter 300 000 € de plus pour financer la tranche conditionnelle, cela fait une dérive de 6% avant même de commencer… Mais le vrai problème n’est pas là car seul le coût de construction est visé dans cette estimation. Il faudrait aussi avoir une idée du coût de fonctionnement annuel d’un équipement qui devrait comporter de nombreux matériels informatiques qui ont un coût de maintenance élevé. Ce point est d’une grande importance car il faut rappeler que la marge d’autofinancement de la commune est faible malgré les très fortes augmentations d’impôts que Loïc Le MEUR a infligées aux Ploemeurois depuis 5 ans : le produit des impôts directs est ainsi passé de 8,57 M€ en 2006 à 10,84 M€ en 2011 (+26,48%).

La marge d’autofinancement inscrite au budget primitif 2011 est d’environ 3 M€. Or, lors du débat d’orientation budgétaire du 18 novembre dernier, le maire a indiqué que la commune devait faire face à des dépenses à caractère récurrent de l’ordre de 1,9 M€/an, ce qui ne laisse que 1,1 M€ d’autofinancement pour des opérations nouvelles. A supposer que cette seule opération soit menée, cela signifie qu’il faudra 5 ans à la commune pour financer la médiathèque. Or, il serait surprenant qu’il n’y ait pas d’autres opérations au cours des années à venir ! En outre, cette marge d’autofinancement sera réduite des coûts de fonctionnement du futur équipement, d’où l’intérêt d’en avoir une idée précise. En tout état de cause, l’étalement du financement sur 5 exercices budgétaires n’est pas cohérent avec le calendrier de la municipalité qui s’étale sur 3 ans seulement.

Dès lors, puisque le maire se refuse à présenter un vrai plan de financement, il n’y a que deux solutions : soit il augmente à nouveau les impôts, soit il aggrave la dette (qui devrait déjà progresser de 5,2 % cette année en raison des emprunts votés).

Puisqu’effectivement nous sommes en période électorale, il serait intéressant que le maire de Ploemeur dise ce qu’il compte faire. Dans l’attente de précisions sur ce point et malgré l’intérêt que représenterait pour la commune le fait de disposer d’une nouvelle médiathèque, le groupe UMP a émis un vote défavorable sur ce bordereau.

Loïc TONNERRE

Publié dans Médiathèque

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