La langue bretonne est moribonde... (CM du 4/2/25)

Publié le par Loïc Tonnerre

La langue bretonne est moribonde. C’est triste, mais nous n’y sommes pour rien !

Une récente étude a montré que le nombre de locuteurs du breton avait atteint son niveau le plus bas : autour de 100 000 personnes. Par comparaison, le gallo est aujourd’hui davantage parlé dans les cinq départements de la Bretagne historique avec plus de 110 000 locuteurs alors que cette langue n’a pas bénéficié d’un soutien comparable à celui du breton.

Les raisons de ce déclin sont anciennes et connues. Aujourd’hui, la génération de ceux pour qui le breton était la langue maternelle diminue rapidement. Ne restent alors que ceux qui ont appris le breton à l’école. Mais là aussi, l’évolution n’est pas favorable : le réseau privé Diwan connaît des difficultés financières mais aussi des problèmes de recrutement, la section de langue et culture celtiques de l’université de RENNES II voit ses effectifs diminuer.

Il convient cependant de rappeler qu’historiquement le breton n’était parlé qu’à l’Ouest d’une ligne allant de Vannes à Guingamp, ce qu'on appelait la Basse-Bretagne alors qu’à l’est, en Haute-Bretagne, on utilisait le gallo ou la langue française. On n’a jamais parlé breton à Rennes ou à Nantes, capitales du Duché, et à l’époque d’Anne de Bretagne, la chancellerie du Duché ne produisait pas de textes en breton. On utilisait pour les actes officiels le français ou encore le latin.

Un autre facteur du déclin de la langue bretonne a été l’essor de l’urbanisation après la seconde guerre mondiale. A la campagne, le vocabulaire de base était bien adapté à une société rurale. Dans les villes, il ne servait à rien. Dans les années 60, nombre d'enfants de la campagne savaient le breton mais ne l’utilisaient pas.

La télévision surtout a largement « tué » le breton et les langues régionales en général au bénéfice du français. Les élus bretons de l’époque n’ont pas su réagir, contrairement à ce qui a pu se passer en Irlande, par exemple, avec la création d'une chaîne de télévision en gaëlique.

Il est vrai que, longtemps après la Guerre, tout ce qui touchait à l’identité ou à la culture bretonne était suspect. Les mouvements autonomistes d’avant Guerre, souvent proches de l’Extrême Droite, avaient lourdement discrédité la cause pour avoir frayé avec le régime nazi pendant l’Occupation (d’où le long discrédit du triskel).

Par un des paradoxes que nous offre parfois l’Histoire c’est par la Gauche que renaîtra 20 ans après la fin de la guerre le régionalisme breton (je pense à la création de l’UDB en 1964).

Parallèlement, un renouveau de la culture bretonne se fait jour avec Alan Stivell qui, en 1966, fait renaître le chant breton et la harpe celtique. Le succès de la musique, du chant et des danses bretonnes ne se démentira pas.

Et c’est là un paradoxe de la situation actuelle : pourquoi est-ce que la culture bretonne sans aide particulière ne cesse de plaire et de s’étendre, alors que la langue bretonne, désormais soutenue par les pouvoirs publics décline ?

On pourrait penser que les milieux culturels devraient être les premiers à s’investir dans la langue bretonne mais, je parle sous le contrôle des spécialistes de cette assemblée, cela ne semble pas être le cas.

Pourquoi ? peut-être parce que la culture et la musique sont associées à la fête et à la vie sociale alors que l’apprentissage d’une langue appelle un effort personnel et dans la durée.

Alors, plus la langue bretonne décline, plus les autorités publiques se croient obligées de multiplier les structures et de dépenser de l’argent pour faire croire que cela sert à quelque chose.

Tel est le cas de cette convention avec l’office public de la langue bretonne qu’il nous est demandé d’approuver ce soir. Qui peut croire que la signalisation routière fait apprendre le breton à quelqu’un ? Pour les automobilistes cette dualité est surtout un facteur de trouble et potentiellement d’insécurité. De même, vouloir recruter des ATSEM bilingues dans les écoles primaires de la commune, pourquoi pas, mais existe-t-il un vivier pour le recrutement ?

On fait semblant de croire que tout cela est possible et utile à la langue bretonne tout en sachant que ce n’est pas vrai.

Mais bon, pour 2 000 € par an, je veux bien,moi aussi, faire semblant !

 

Publié dans Patrimoine et culture

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