Quand le maire de Ploemeur s'en va-t-en guerre (en Ukraine) ! (CM du 21/3/23)
Depuis plus d’un an l’Ukraine subit une guerre d’agression particulièrement destructrice et meurtrière de la part de la Russie. Des villes sont détruites, des enfants enlevés, des femmes violées et des dizaines de milliers de jeunes hommes blessés ou tués. Le pays voit mourir sa jeunesse et une nouvelle génération des « Enfants des morts », comme les appelait l’écrivain Heinrich Böll après la Première Guerre mondiale se profile. Tous les Ukrainiens souffrent du froid, de la maladie et de la peur mais ils font preuve jour après jour d’une incroyable résistance qui suscite notre admiration.
L’Ukraine bénéficie du soutien de l’Occident, militaire surtout de la part des Etats-Unis, financier surtout de la part de l’Union européenne. La France y contribue, un peu…
La cause de l’Ukraine est juste et mérite d’être soutenue mais l’ampleur de cette tragédie ne peut laisser la place à de petits calculs politiciens.
A cet égard, le voyage récemment réalisé en Ukraine par un élu et un agent de la commune sur des fonds manifestement publics pose problème.
Avant de s’engager sur un projet d’accord de coopération avec une ville ukrainienne, trois questions auraient dû être soumises au Conseil municipal et tranchées :
Première question : la commune de Ploemeur doit-elle exprimer sa solidarité avec l’Ukraine, et si, oui, sous quelle forme ?
Si le principe d’un soutien paraît s’imposer, il y a plusieurs façons de le faire. La commune peut accorder un concours financier, cela a été fait, mais aussi accueillir des réfugiés ou des enfants, comme cela a été le cas après la catastrophe de Tchernobyl par d’autres communes du Morbihan, aider matériellement ou financièrement les associations locales – comme Unis pour l’Ukraine 56 - ou à vocation plus générale venant en aide aux populations sinistrées.
Deuxième question : un voyage en Ukraine était-il opportun ?
Le ministère des Affaires Etrangères estime à propos de l’Ukraine que : « La situation sécuritaire reste très dégradée et volatile dans l’ensemble du pays. Aucun point du territoire n’est à l’abri de frappes ou d’opérations militaires. L’Ukraine dans la totalité de son territoire demeure une zone de guerre. Dans ce contexte, il reste formellement déconseillé de se rendre en Ukraine quel qu’en soit le motif. ».
La position du Gouvernement Français est donc claire. Etait-il justifié de passer outre et même de laisser croire aux Ukrainiens en posant avec une écharpe tricolore que l’on représente la commune de Ploemeur ou la France alors qu’on ne représente rien du tout ?
Le coût du déplacement enfin ne saurait être pris en charge par la commune en vertu des lois en vigueur. Monsieur Loas prétend effectuer des « voyages officiels » comme un ministre mais cela n’existe que dans son imagination. La réalité est que son escapade touristique n’est qu’un déplacement privé dont il doit supporter les frais.
Enfin, troisième et dernière question : si un voyage est décidé, quelle doit être la composition de la délégation ploemeuroise ? N’y a-t-il pas dans cette assemblée d’autres personnes qui, par leur action effective et continue en faveur de l’Ukraine, seraient plus qualifiées qu’un chef de cabinet - qui n’a aucun titre à faire valoir – pour se rendre en Ukraine ? Mais cela supposerait une largeur de vue, un sens de la démocratie qui échappent à Monsieur Loas.
On voit bien que l’initiative prise ne répond à aucune des conditions rappelées ci-dessus et résulte d’une volonté personnelle de se faire, une fois de plus, remarquer aux frais du contribuable ploemeurois.
Alors qu’une guerre cruelle sévit à nos portes ce type de récupération politicienne est indécent et minable.